Meyby Soraya
Ugueto Ponce
I Première histoire
Il y a quelque temps, les sœurs de vie m'avaient déjà parlé d'une poignée de femmes en quête de liberté sur la proue d'un navire négrier.
Peurs et colères, espoirs et courages, tous ébranlés dans l'Atlantique.
Toutes décidées, certaines se sont tues avant d'arriver, l'Atlantique.
Cette mémoire qui, comme la mer va et vient, cette mémoire que nous retrouvons dans la sagesse de nos grands-mères, de nos mères.
Mais qui sont ces femmes, quelle est leur histoire ?
L'une est une reine, l'autre est une enfant encore protégée par la mambo, une autre est amoureuse de son amour. J'ai pensé à la reine Güimar construisant son royaume avec le roi Michael à Buria.
Les imaginer dans un endroit humide et sombre, les imaginer secourues par celles qui avaient déjà disparues et par celles qui, venues du futur, nageaient en profondeur pour leur serrer la main, les imaginer ensemble dans la mer pour fêter leur rencontre.
II Litanies
Uca Uca moza
Recherche dans la brousse
Recherche dans le vert
Ne les laisse pas te trouver
Uca uca moza
Cherche dans la terre
Et si elle te trouve
Cache tout
Uca moza
Cherche dans la branche
Ne les laisse pas te trouver
Crache tout.
Cherche petite cherche
Cherche-le en haut
Cherche-le en bas
Cache toi rapidement
Ne le laisse pas te trouver.
Cherche petite, cherche
Cherche petite, cherche
Creuse la terre
Échappe-toi vite
Ne les laisse pas te trouver
Cherche petite cherche.
III Le bateau
Original de Melibai Ocanto.
Musicalisation d’Arquímedes Blanco
Arrangements d'Agamenon Bomfim de Abreu
Les âmes de la nuit n'ont pas de couleur
Les âmes de la nuit n'ont pas de couleur
Oh douleur que je ne connais pas
Oh douleur que je ne connais pas
La nuit dernière, j'ai serré mes mains et j'ai poussé
La nuit dernière, j'ai serré mes mains et je ne sais pas
J'ai vu dans tes yeux que je ne sais pas,
J'ai vu dans tes yeux que je ne sais pas.
IV Deuxième histoire Le Bateau. Par Edouard Glissant (Fragment)
"Ce qui est terrifiant, c'est l'abîme, trois fois attaché à l'inconnu. La première fois, inaugurale, c'est quand on tombe dans le ventre du bateau. Un bateau, selon votre poétique, n'a pas de ventre, un bateau n'engloutit pas, ne dévore pas, un bateau se dirige vers le ciel ouvert. Le ventre de ce bateau vous dissout, vous précipite dans un non-monde où vous criez. Ce bateau est un utérus, le maître-utérus. Générateur de votre clameur. Producteur aussi de toutes les unanimités à venir. Car, si tu es seul dans cette souffrance, tu partages l'inconnu avec certains, que tu ne connais pas encore. Ce bateau est votre matrice, un moule qui pourtant vous expulse. Enceinte d'autant de morts que de vivants en suspens".
V Azanie - Améfrique (Guaguancó)
Je ne veux pas entendre de lamentations
ni d'histoires qui tourmentent
construisons-en de nouvelles
avec des souvenirs qui compensent.
Sauter d'un bateau dans le vide
quelle bêtise !
La vie ne vaut-elle rien ?
c'est le monde à l'envers.
A 5 ans je suis tombée
Et je me suis sauvée
De l’esclavage j'ai vu
Et dans mon âme je me suis rebellée.
Est, ouest toujours loin
Peu importe où je suis
Il n'y a qu'un seul soleil, il n'y a qu'un seul ciel
Célébrant ce que je suis.
Je porte une fleur dans ma main
Et je ne la lâcherai pas
Cours jusqu'au port, petite fleur
Pour trouver ton capitaine.
Je ne m’arracherai pas mon fils l
Personne ne me l'enlèvera
Le maître veut que je habite avec lui dans une petite maison
VI Troisième histoire Femme noire (Fragment)
Nancy Morejón
Je sens encore l'écume de la mer qu'ils m'ont fait traverser.
La nuit, je ne m'en souviens pas.
Même l'océan ne s'en souvient pas.
Mais je n'oublie pas le premier fou de Bassan que j'ai aperçu.
Haut, les nuages, comme des témoins innocents.
Peut-être n'ai-je pas oublié ma côte perdue, ni ma langue ancestrale.
Ils m'ont laissé ici et c'est ici que j'ai vécu.
Et parce que j'ai travaillé comme une bête,
ici, je suis né à nouveau.
Autant d’épopées mandingues, j'ai essayé de recourir.
Je me suis rebellée.
J'ai marché.
Je me suis révoltée...
Je suis allé dans la brousse...
Je suis descendue de la Sierra...
J'ai aimé, j'ai ri, j'ai joué, j'ai souffert, j'ai accouché, j'ai avorté, je me suis cachée derrière le miroir, et j'en suis aussi sortie fière de son image.
VII Endors-toi
I
Dors mon enfant ton rêve
car maintenant te reçoivent
ceux qui sont partis avant
et maintenant volent libres
II
Dors tranquille mon enfant
Dors en sécurité mon enfant
parce que maintenant il ne t'attend pas
le maître là-bas dans ses terres
III
Laisse-toi porter mon enfant,
Para le va-et-vient des vagues
Celles qui te bercent dans la mer
La mer de la liberté
Parce que je ne connais ni un seul conte
Cœur : Va dormir, va dormir
la fatigue m'endormait à moi
Cœur : Va dormir, va dormir
Et la chanson du voisinage
Cœur : Va dormir, va dormir
Quand ils tuaient un tel et un tel
Cœur : Va dormir, va dormir
Que je ne t'abandonnerai jamais mon bébé
Cœur : Va dormir, va dormir
Donc tu ne vendes pas dans la rue
Cœur : Va dormir, va dormir
L'innocence qui t'orne
Cœur : Va dormir, va dormir
et qu’ils te convièrent en sauvage
Cœur : Va dormir, va dormir
Mangez de la terre.
N’ayez pas d’enfant pour l’esclavage
La terre, pour devenir stérile
La terre, pour mourir.
VIII CHANT A LA GRAINE QUE JE SUIS (chant de travail)
Paroles et mélodie : Ivonne Thompson
Je vois tes pigments dans mon miroir, mon reflet
Je suis le bourgeon de tes entrailles, ma ressemblance
La graine de ton orgie, ma terre
Tronc, branche, et fruit frais qui écoeure
C'est ton souffle qui m'emporte, le couplet
Caresse pour mon âme, espoir
La petite herbe qui murmure, qui m'endort
Chemin de parfum fleuri, coloré
Les fouettement de ta pluie, mon remède
Les ruisseaux de ta rivière, mon sang
Les vagues qui éclatent, ma force
La sueur qui arrose le champ, mes pleurs
Des étincelles qui jaillissent de mon sein, je les récolte
La bougie qui me brûle, menace
De t'enflammer les tambours, brûlent
Dans mes mains révoltées, les flammes
Fin
Ancêtres
Clarissa, Yara, Prue, Sibyl, Catalina la Vieja, Yabba, Mirtilla, Abba, Nago Hanah, Quamina, Mazerine, Nimine, Lilith, Madeleim, Felicité, Diepa, Juana Francisca, Tituba, Silvestre, Encarnación, Juana Lorenza; Elena Cornieles; Socorro Gómez; María Josefa; María Francisca de la Peña; Pascuala Lovera; Maria del Rosario; Rita; Susana; María de la Prieto; Cecile, Nulpar, Candela Sosi. Julieta Hernández, Runmi, Yanis, Nuria, Ana, Lucía, Catalina, Isabel, Fernanda, Marina. Natividad, Alejandrina