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Memoires Dansées.
Voix ancestrales de femmes noires

(Structure narrative)

FIDO 2024

I Première histoire

Il y a quelque temps, les sœurs de vie m'avaient déjà parlé d'une poignée de femmes en quête de liberté sur la proue d'un navire négrier.

Peurs et colères, espoirs et courages, tous ébranlés dans l'Atlantique.

Toutes décidées, certaines se sont tues avant d'arriver, l'Atlantique.

Cette mémoire qui, comme la mer va et vient, cette mémoire que nous retrouvons dans la sagesse de nos grands-mères, de nos mères.

Mais qui sont ces femmes, quelle est leur histoire ?

L'une est une reine, l'autre est une enfant encore protégée par la mambo, une autre est amoureuse de son amour. J'ai pensé à la reine Güimar construisant son royaume avec le roi Michael à Buria.

Les imaginer dans un endroit humide et sombre, les imaginer secourues par celles qui avaient déjà disparues et par celles qui, venues du futur, nageaient en profondeur pour leur serrer la main, les imaginer ensemble dans la mer pour fêter leur rencontre.

II Litanies

Uca Uca moza

Recherche dans la brousse

Recherche dans le vert

Ne les laisse pas te trouver

 

Uca uca moza

Cherche dans la terre

Et si elle te trouve

Cache tout

 

Uca moza

Cherche dans la branche

Ne les laisse pas te trouver

Crache tout.

 

Cherche petite cherche

Cherche-le en haut

Cherche-le en bas

Cache toi rapidement

Ne le laisse pas te trouver.

Cherche petite, cherche

 

Cherche petite, cherche

Creuse la terre

Échappe-toi vite

Ne les laisse pas te trouver

Cherche petite cherche.

III Le bateau

Original de Melibai Ocanto.

Musicalisation d’Arquímedes Blanco

Arrangements d'Agamenon Bomfim de Abreu

 

Les âmes de la nuit n'ont pas de couleur

Les âmes de la nuit n'ont pas de couleur

Oh douleur que je ne connais pas

Oh douleur que je ne connais pas

 

La nuit dernière, j'ai serré mes mains et j'ai poussé

La nuit dernière, j'ai serré mes mains et je ne sais pas

J'ai vu dans tes yeux que je ne sais pas,

J'ai vu dans tes yeux que je ne sais pas.

IV Deuxième histoire Le Bateau. Par Edouard Glissant (Fragment)

"Ce qui est terrifiant, c'est l'abîme, trois fois attaché à l'inconnu. La première fois, inaugurale, c'est quand on tombe dans le ventre du bateau. Un bateau, selon votre poétique, n'a pas de ventre, un bateau n'engloutit pas, ne dévore pas, un bateau se dirige vers le ciel ouvert. Le ventre de ce bateau vous dissout, vous précipite dans un non-monde où vous criez. Ce bateau est un utérus, le maître-utérus. Générateur de votre clameur. Producteur aussi de toutes les unanimités à venir. Car, si tu es seul dans cette souffrance, tu partages l'inconnu avec certains, que tu ne connais pas encore. Ce bateau est votre matrice, un moule qui pourtant vous expulse. Enceinte d'autant de morts que de vivants en suspens".

V Azanie - Améfrique (Guaguancó)

Je ne veux pas entendre de lamentations

ni d'histoires qui tourmentent

construisons-en de nouvelles

avec des souvenirs qui compensent.

 

Sauter d'un bateau dans le vide

quelle bêtise !

La vie ne vaut-elle rien ?

c'est le monde à l'envers.

 

A 5 ans je suis tombée

Et je me suis sauvée

De l’esclavage j'ai vu

Et dans mon âme je me suis rebellée.

 

Est, ouest toujours loin

Peu importe où je suis

Il n'y a qu'un seul soleil, il n'y a qu'un seul ciel

Célébrant ce que je suis.

 

Je porte une fleur dans ma main

Et je ne la lâcherai pas

Cours jusqu'au port, petite fleur

Pour trouver ton capitaine.

 

Je ne m’arracherai pas mon fils l

Personne ne me l'enlèvera

Le maître veut que je habite avec lui dans une petite maison

VI Troisième histoire Femme noire (Fragment)

Nancy Morejón

 

Je sens encore l'écume de la mer qu'ils m'ont fait traverser.

La nuit, je ne m'en souviens pas.

Même l'océan ne s'en souvient pas.

Mais je n'oublie pas le premier fou de Bassan que j'ai aperçu.

Haut, les nuages, comme des témoins innocents.

Peut-être n'ai-je pas oublié ma côte perdue, ni ma langue ancestrale.

Ils m'ont laissé ici et c'est ici que j'ai vécu.

Et parce que j'ai travaillé comme une bête,

ici, je suis né à nouveau.

Autant d’épopées mandingues, j'ai essayé de recourir.

 

Je me suis rebellée.

J'ai marché.

Je me suis révoltée...

Je suis allé dans la brousse...

Je suis descendue de la Sierra...

 

J'ai aimé, j'ai ri, j'ai joué, j'ai souffert, j'ai accouché, j'ai avorté, je me suis cachée derrière le miroir, et j'en suis aussi sortie fière de son image.

VII Endors-toi

 

I

Dors mon enfant ton rêve

car maintenant te reçoivent

ceux qui sont partis avant

et maintenant volent libres

 

II

Dors tranquille mon enfant

Dors en sécurité mon enfant

parce que maintenant il ne t'attend pas

le maître là-bas dans ses terres

 

III

Laisse-toi porter mon enfant,

Para le va-et-vient des vagues

Celles qui te bercent dans la mer

La mer de la liberté

 

Parce que je ne connais ni un seul conte

 

Cœur : Va dormir, va dormir

la fatigue m'endormait à moi

Cœur : Va dormir, va dormir

Et la chanson du voisinage

Cœur : Va dormir, va dormir

Quand ils tuaient un tel et un tel

Cœur : Va dormir, va dormir

Que je ne t'abandonnerai jamais mon bébé

Cœur : Va dormir, va dormir

Donc tu ne vendes pas dans la rue

Cœur : Va dormir, va dormir

L'innocence qui t'orne

Cœur : Va dormir, va dormir

et qu’ils te convièrent en sauvage

Cœur : Va dormir, va dormir

Mangez de la terre.
N’ayez pas d’enfant pour l’esclavage 
La terre, pour devenir stérile 
La terre, pour mourir.

VIII CHANT A LA GRAINE QUE JE SUIS (chant de travail)

Paroles et mélodie : Ivonne Thompson

 

Je vois tes pigments dans mon miroir, mon reflet

Je suis le bourgeon de tes entrailles, ma ressemblance

La graine de ton orgie, ma terre

Tronc, branche, et fruit frais qui écoeure

 

C'est ton souffle qui m'emporte, le couplet

Caresse pour mon âme, espoir

La petite herbe qui murmure, qui m'endort

Chemin de parfum fleuri, coloré

 

Les fouettement de ta pluie, mon remède

Les ruisseaux de ta rivière, mon sang

Les vagues qui éclatent, ma force

La sueur qui arrose le champ, mes pleurs

 

Des étincelles qui jaillissent de mon sein, je les récolte

La bougie qui me brûle, menace

De t'enflammer les tambours, brûlent

Dans mes mains révoltées, les flammes

Fin

Ancêtres

Clarissa, Yara, Prue, Sibyl, Catalina la Vieja, Yabba, Mirtilla, Abba, Nago Hanah, Quamina, Mazerine, Nimine, Lilith, Madeleim, Felicité, Diepa, Juana Francisca, Tituba, Silvestre, Encarnación, Juana Lorenza; Elena Cornieles; Socorro Gómez; María Josefa; María Francisca de la Peña; Pascuala Lovera; Maria del Rosario; Rita; Susana; María de la Prieto; Cecile, Nulpar, Candela Sosi. Julieta Hernández, Runmi, Yanis, Nuria, Ana, Lucía, Catalina, Isabel, Fernanda, Marina. Natividad, Alejandrina

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